Coup d’œil… sur les représentations de la Miséricorde (1)

Logo officiel créé par Marco Yvan RupnikUne fois déchiffré le logo officiel créé par Marco Yvan Rupnik pour accompagner en 2016 l’année de la miséricorde, reste à chacun le droit de se réapproprier des images de piété plus ou moins délaissées, mais qui refont surface précisément aujourd’hui où l’on célèbre les retrouvailles émouvantes du cœur de Dieu, et du cœur de l’homme, trop longtemps disjoints.

Le logo du Christ que nous finissons par ne plus regarder tant il est omniprésent apparaît largement « surdéterminé ». Jésus ressuscité, sous la forme du bon Pasteur, porte sur ses épaules la seule vraie brebis à laquelle il tient : Adam, l’Homme, autrement dit tout homme accablé en quête d’aide, de guérison et de consolation.

L’un et l’autre sont reliés de manière charnelle par l’identité de cet œil central qui signe la nature de l’homme déjà configuré au divin, quand le Christ se montre, les plaies de son corps cicatrisées, dans son humanité glorieuse. Et ici, comme le rappelle la banderole inscrite à la gauche des deux personnages, le Fils fait les œuvres du Père : nous le redit l’exhortation solennelle que nous allons chantant sur tous nos chemins : « miséricordieux comme le Père ». C’est ce que nous insuffle l’Esprit Saint, invisible présence qui nous conduit de la miséricorde du Christ à l’exigence d’exercer les mêmes actes, les mêmes paroles, les mêmes consolations que Dieu le Père au plus profond des cœurs. Ce logo nous interpelle : une piste à suivre, un repérage facile pour tous ceux qui désirent « vivre quelque chose », écouter des paroles de vie, ou de survie, quand la finalité d’une année de grâce propose la joie : un Jubilé.

Chapelle du Monastère de la Visitation de Paray le Monial - Fresque du chœur

Trouver ou retrouver la miséricorde du Christ vivant

Le 2 juin 2013, inaugurant le mois dédié à la vénération du Sacré-Cœur, le pape François eut cette expression décisive et libératrice pour tant d’esprits savants, sceptiques, frileux, et surtout méfiants à l’égard de toute forme de piété populaire : « Le Cœur de Jésus est le symbole le plus élevé de l’amour divin. Ce n’est pas un symbole imaginaire, mais un symbole réel, source d’où a jailli le salut pour l’humanité tout entière. »

Un symbole imaginaire ? Nous l’aurions largement inventé, en le rattachant à l’Évangile selon St Jean (19,3) qui parle bien du côté transpercé du Christ en croix.

Un symbole réel ? Alors on peut appliquer son sens aux multiples représentations de l’amour divin que le Christ en personne a dévoilées, demandées, exigées même de telle ou telle âme choisie par lui au fil des siècles.

Paray-le-Monial : nous sommes en plein XVIIème siècle quand le Christ apparaît plusieurs fois à Marguerite Marie Alacoque, cette jeune religieuse visitandine toute simple, d’une grande ferveur et profondément attachée au Christ. Il lui apparaît et lui montre son cœur blessé, brûlant d’amour pour les hommes, dont le mépris n’a d’égal que le désintérêt. Ces demandes du Christ, honorées encore il y a un siècle, sont peu à peu tombées dans l’oubli avant de resurgir aujourd’hui.

Lors d’une des apparitions les plus connues, le Christ montre à Marguerite Marie son cœur blessé, toujours ouvert, jamais cicatrisé : « Voici ce cœur qui a tant aimé les hommes jusqu’à s’épuiser et se consumer pour leur témoigner son amour (…) Et pour reconnaissance, je ne reçois de la plupart qu’ingratitudes ».

Ce serait l’affliction du Vendredi saint douloureux si le Christ lui-même apportait un message de mort : Un cœur ensanglanté, la perte de ceux qui n’ont pas cru en lui. Mais sa demande est que soit honoré « le Cœur de Dieu sous la figure d’un cœur de chair (…), qu’elle soit exposée en public afin de toucher le cœur sensible des hommes ». Dans de multiples visions le cœur de chair apparaît comme lumière, flamme dévorante, fournaise ardente. Où l’on voit que l’organe physique est déjà donné avec le sceau de Dieu ; feu du buisson ardent qui ne se consume pas.

Sacré-cœur stylisé Marguerite MarieLes premières représentations de ces visions, stylisées à l’extrême mais parfaitement reconnaissables ont puissamment aidé à répandre un peu partout le culte du Sacré-Cœur, que Marguerite Marie n’a pas inventé, mais contribué à répandre. Par la suite se sont multipliées de flamboyantes images d’un Christ debout, vêtu d’un manteau rouge, désignant de son index le lieu physique de son cœur ; typiques d’un art sulpicien qui, par leur réalisme, ont parfois nui à la diffusion du culte du Sacré-Coeur.

Ces images, il faut rappeler au minimum qu’elles s’inscrivent dans un parcours spirituel exigeant : adoration du Saint-Sacrement, communion fréquente, nécessité de la réparation des offenses par ceux qui croient, à la place de ceux qui ne croient pas ; sans compter les promesses de grâces faites par Jésus à Marguerite Marie. L’essentiel de ce message spirituel étant préservé, il faut reconnaître que la superbe peinture murale due à Luc Barbier en 1966 a quelque peu changé la vision des pèlerins qui chaque année viennent en foule à Paray. Sur cette peinture, visible à la chapelle de la Visitation, lieu des apparitions, le message de Paray s’accorde subtilement à la sensibilité profonde des hommes du XXIème siècle. La figure centrale du Christ, le visage penché vers la Sainte, irradie de sa lumière tous ceux et celles qui, dans l’histoire de l’Église, ont un lien particulier avec son cœur : St. Jean, la Vierge Marie, St. Paul, St. François, St. Claude La Colombière, le bienheureux Charles de Foucauld, et bien d’autres. Les cinq plaies de son corps rayonnent d’une lumière éclatante. Tandis que du sang s’écoule de son côté ouvert, Jésus répand une douce lumière surnaturelle sur tous ceux qui viennent le visiter, puiser en sa miséricorde une guérison, une grâce particulière, la réalité transformante d’un pardon.

Les formes de la piété s’approfondissent au fil des époques, sans atteinte portée au message évangélique. L’histoire est jalonnée de signes, de représentation, de créations musicales aussi. À Paray-le-Monial se perpétue le culte du Cœur de Jésus, en particulier par la présence de la Communauté de l’Emmanuel qui depuis 1976 multiplie pélerinages, forums pour les jeunes et sessions pour les familles, autant d’occasions de renouveler des logos porteurs de sens et de redessiner l’image du Christ au cœur brûlant d’amour. Ainsi s’étend au monde le message du Sacré-Cœur, selon le souhait explicite du Dieu de miséricorde.

Annick Rousseau

Bientôt… seconde partie : LE CHRIST MISÉRICORDIEUX – Soeur Faustine

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